Un conseil par année passée sur Terre, même si toutes mes erreurs sont condensées durant ma vingtaine. Une bride de ce que j’aurais aimé dire à la moi d’il y a quelques années.
Aime-toi et la vie t’aimera. Je ne t’apprends rien, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, surtout en ce qui concerne l’amour. Un seul credo : plus tu t’aimeras, plus le monde te le rendra (parfois au centuple).
Non, l’amour de ta vie n’est pas ce plouc qui te fait pleurer. Écoute tes copines et ta mère, elles ont parole d’Évangile à ce sujet. La mauvaise nouvelle, c’est qu’on met souvent la médiocrité sur un piédestal. La bonne, c’est qu’on passe toujours à autre chose ; entre autres, même si tu passes d’un incapable à un autre, au moins ça valide le premier point. Ceux qui te traitent mal ne sont que des nids-de-poule sur la route, à bord de ta Cadillac décapotable (belle image de la vie, non ?)
Les amitiés se défont. Je pense que c’est le pire chagrin, parce que, contrairement à l’amour, un ami n’est pas censé arrêter de t’aimer. Parfois, ça se fait discrètement et naturellement. D’autres fois, c’est bruyant et traumatisant. Mais promis, c’est uniquement pour faire de la place au nouveau, et c’est encore meilleur parce que c’est aligné.
Tu ne sais pas où tu vas. Tu ne le sais pas à dix-huit ans et, breaking news, tu ne le sauras pas non plus à trente, et tu paniqueras. Aucun moyen de savoir quelle tournure prendront les évènements, donc autant profiter du voyage.
Ne te compare pas aux autres. La fin de la vingtaine est une période bizarre. À droite, ça se marie, à gauche, ça emménage, et au centre, ça part faire de l’ayahuasca en Amazonie. N’oublie pas que personne n’est immunisé des névroses et des mauvais jours, et que l’important, c’est de les vivre entourée par ce qui te fait du bien.
Déconnecte (vraiment). Le scrolling nous a éloigné de tout ce qui est doux. On a tout instantanément, et pourtant, nous n’avons jamais été aussi vides. Examiner à la loupe l’apparente réussite des autres devient vite déprimant. Alors sors, médite, lis, peins. Écris, dessine, observe. Fais des choses qui te reconnectent à ta réalité et à la beauté de ce que tu possèdes, parce qu’à la fin de la journée c’est tout ce qui compte.
Tu n’as pas besoin de cette paire de chaussures, mais achète-les quand même. Les vraies girl boss maîtrisent leurs finances et ne se mettent pas en galère. Mais une paire de Manolo de seconde main n’a jamais tué personne, si ?
Le temps répare tout. Cf. la leçon #2, parce que c’est une affaire de temps avant que tu ne réussisses à ouvrir plus grand les yeux. Prendre du recul, c’est nécessaire, mais c’est long. Des années peuvent passer avant (d’enfin) changer de perspective. La pensée populaire selon laquelle le temps efface tout est un piètre mensonge. En revanche, il cautérise ce qui un jour était béant, et il nourrit ton regard jusqu’à ce qu’il devienne plus sage.
Tu te tromperas beaucoup. Sur les gens, sur ce que tu aimes, sur ce que tu veux, sur la direction que tu prends. Tant mieux, tu es sur Terre pour la première fois, c’est une chance d’explorer, de dire non pour décider plus tard. L’important, ce sont tes besoins et tes certitudes temporaires, celles qui te rendent heureuse avant la vague des prochains doutes.
Ouvre ton coeur. Aux gens. Aux expériences. Aux sensations. Aux défis.
Fais des choses qui font du bien aux autres. Tu sais à quel point c’est bon de se sentir utile ? Eh bien, on ne se sent utile que quand ça sert la cause des autres. D’expérience, je peux t’assurer que les gens se souviennent de ton humanité, de la façon dont tu les as fait se sentir importants et vus. Le tout, sans calcul ni condition.
Prends soin de toi. C’est autant physique que mental. C’est un cercle vertueux : plus ton corps se sent bien, plus ton esprit trouve la tranquillité. Plus ton esprit est tranquille, moins tu t’exposes aux maux physiques que l’anxiété peut provoquer. Et ainsi de suite.
Donc oui, si tu hésitais encore, va à ton cours de Lagree.
Mange, prie & aime. Prêtresse Gilbert serait enchantée de lire ça, mais elle a raison sur toute la ligne. Il faut se nourrir de ce qui nous anime et nous maintient en vie. Avoir foi en quelque chose quand tout vacille pour ne pas flancher. Donner de soi pour mieux recevoir. Amen.
Fais une thérapie. Tu as bien lu : je remets en doute ton équilibre mental, mais laisse-moi t’expliquer deux dures réalités. La première : on a tous des traumas plus ou moins envahissants, même après une enfance heureuse. La deuxième : on les transmet ou on les projette autour de nous, souvent sans même s’en rendre compte.
PS : je sais, ça coûte un bras alors qu’on n’a rien demandé à personne, mais ça vaut le coup.
PS 2 : sérieusement, quelqu’un pourrait mettre le remboursement par la Sécu à l’ordre du jour ?
Crois qu’il existe quelque chose de plus grand que toi. Parce que parfois la logique ne suffit plus, et ta volonté non plus. On a juste besoin de s’accrocher à quelque chose, aussi mystique soit-elle, pour trouver un élan. Pour moi, c’est l’Univers ; pour d’autres, c’est Dieu, le destin ou la conscience universelle. Le nom importe peu. Ce qui compte, c’est qu’on n’avance pas solo, que quelque part quelqu’un nous guide, et que le mystère suffise à nous convaincre que derrière chaque épreuve sur notre route, une belle destination nous attend.
Chéris tes parents, pour de vrai. Dixit la fille qui a eu sa crise d’adolescence jusqu’à ses vingt-et-un ans. Mais passé un certain âge, inutile de les blâmer pour tes mauvais choix et comportements (selon ma thérapeute, vingt-deux ans est l’âge maximum … ). Avec l’âge, on comprend qu’ils apprennent en marchant, comme nous. Alors trouve du temps, et prends en soin, car chaque moment compte.
Passe du temps seule. Dans tous les sens du terme. Apprécie ta propre compagnie, chéris ces moments où tu te retrouves sans personne à côté. Ces moments les plus solitaires, les plus difficiles (a priori) seront les plus bénéfiques. Cela peut durer des mois, des années, peu importe. L’essentiel, c’est que tu ne sois plus un secret pour toi-même. Et si tu vis un célibat difficile, profite aussi — parce que demain, tu pourrais ne plus jamais être seule pour le reste de ta vie.
Ton premier job n’est pas toute ta vie. Je comprends, ton premier CDI, c’est le Graal. Tu as l’impression qu’on compte sur toi, que ta présence importe, et c’est le cas, mais pas comme tu le penses. Tu crois que faire plus = plus de considération. Voici l’abominable vérité : personne n’est irremplaçable. Donc ne te perds pas en cours de route.
Il n’est jamais trop tard pour retrouver un ancrage. Je me suis longtemps sentie déracinée, parce que je ne suis plus dans l’endroit où j’ai grandi et que, lors de mes courtes visites, je ne m’y sentais plus autant en paix qu’avant. Pourtant, avoir un sentiment d’attache à un endroit est nécessaire, du moins, c’est ce que je pensais. Puis j’ai compris que c’était finalement une chance ; celle de pouvoir m’ancrer à n’importe quel port où je me sens bien, même si ce n’est que pour un temps. Parfois, la maison ce n’est pas un endroit mais une sensation, celle de se lover dans sa propre vie, et de s’y sentir terriblement confortable.
Change de voie s’il le faut, car « trop tard » n’arrive jamais. À vingt-deux ans, tu te dis : “C’est trop tard pour faire ça.” Trois ans plus tard, tu te retournes et penses : “Si j’avais commencé, j’aurais fini et je ferais ce que j’aime vraiment.” Deux ans après, tu te dis exactement la même chose.
Alors vas-y. Commence maintenant.
Ne laisse pas la dating pool désastreuse te décourager face à l’amour. Écoute très attentivement celui-ci. N’accepte pas moins que ce que tu mérites, ne penses pas que tu ne mérites pas l’amour que tu as idéalisé parce que la société est devenue cynique et que ok est le nouveau incroyable. La bonne personne existe, prend le temps qu’il faut.
Regarde Sex & the city (même si j’espère que c’est déjà fait…) avec plus d’attention. Je dois vraiment me justifier pour ce conseil ? Ces quatre femmes projettent littéralement chaque partie de nous toutes – sans exception. Samantha, la liberté brute et sans concessions. Miranda, l’indépendance qui n’attend qu’une chose, qu’on la serre dans ses bras. Charlotte, qui est la seule femme à croire encore aux plus belles histoires d’amour (et a bien raison). Carrie, chaotique au possible, mais pour le bien de la société : comprendre les façons d’aimer, se vautrer mais d’y retourner quand même, par pur cri du coeur. And just like that… six saisons en un week-end.
Tu ne feras jamais l’unanimité, et tant mieux. Rentrer dans les cases de tout le monde c’est ne pas avoir de personnalité. Mic drop.
L’important ce n’est pas où, mais avec qui. Je ne dis pas que tu devrais être heureuse enfermée dans une cave sans fenêtre avec ton crush. En revanche, tu comprends vite que tu peux être dans l’endroit le plus idyllique du monde, si ce n’est pas avec les gens que tu aimes, ou pire, avec la mauvaise personne, la saveur est bien différente.
Les gens ne pensent rien de toi, avance. Tu as déjà entendu parler du terme « sonder » ? C’est la réalisation soudaine et mélancolique que chacun vit une vie toute aussi complexe que la tienne, avec des rêves, des douleurs, des pensées. Donc avance, les gens ne regardent rien d’autre qu’eux-mêmes.
Ne lutte pas contre ce que tu ressens. C’est ok de ne pas être forte en permanence et relâcher de temps à autres, et se laisser aller à la rumination. La clé pour traverser ce nuage, c’est de se fixer une date limite. Exemple : je m’accorde trois jours de tristesse, puis on repart. Attention, la tristesse ne sera pas partie, mais si tu n’adoptes pas une discipline émotionnelle, tu sombres sans t’en rendre compte.
Sois vulnérable. C’est sexy.
Écris-toi chaque année. On a la tête dans le guidon et on ne voit pas ses progrès, mais parfois on s’arrête, on regarde l’année écoulée, et on se dit juste « J’ai fait ça. Je suis incroyable ». On n’est jamais totalement satisfait de soi-même, et ce n’est pas parce qu’on n’est pas assez bien. C’est parce qu’après avoir atteint ce qui nous semblait inatteignable, on vise toujours un peu plus haut.
Alors, à la moi de vingt ans — mais aussi à toutes celles qui se perdent dans les méandres des réseaux sociaux, de la comparaison, des rendez-vous catastrophiques et des crises d’anxiété chroniques : tout va bien.
La vingtaine n’est pas censée être ta plus belle décennie, c’est prouvé.
And just like that, à vingt-huit ans, j’ai compris que toutes mes dérives étaient peut-être le début de mon bonheur.
